Dinosaure parmi les plus populaires grâce à sa gueule de crocodile et sa voile dans le dos, le Spinosaurus a pris un petit coup de rabot depuis les révélations paléontologiques de 2014 et 2020. Les fans de ce dino risquent d’être surpris d’apprendre que ce « reptile à épines » aurait en fait été court sur pattes et doté d’une queue de triton !
Un premier lifting en 2014…
Une étude menée par le paléontologue allemand Nizar Ibrahim sur un spécimen marocain vieux de 97 millions d’années avait révélé en 2014 des ossements de Spinosaurus encore inconnus, et notamment de ses hanches et de ses pattes postérieures.
Deux indices montrent que le dinosaure n’était pas fait pour poursuivre des proies sur la terre ferme : son fémur est court, et ses pieds larges avec de larges griffes.
En revanche, nous avons la confirmation que cet animal était bien aquatique, comme l’indique l’analyse géochimique de ses dents. Le paléontologue indique que ses narines se trouvaient très probablement loin du bout se son museau, pour pouvoir respirer plus facilement tout en continuant à plonger ce dernier dans l’eau.
Alors que ses cousins théropodes géants (T. rex, Allosaurus…) ont des long os creux, le Spinosaurus a des os denses, à l’image des baleines et animaux aquatiques primitifs, qui permettent de le stabiliser dans l’eau. Le Spinosaurus est ainsi vu comme un nageur, dont le poids de sa voile dorsale aurait pour rôle de le maintenir sous l’eau.
Pour l’anecdote, lorsque nous avions réalisé la couverture du tome 4 des Dinosaures en BD où l’on aperçoit un Spinosaurus occupé à pêcher, nous étions loin de nous douter que quelques semaines plus tard, le Spinosaurus 2.0 serait dévoilé !
Et une nouvelle vague de révélations en 2020 !
Après sa découverte de 2014, Nizar Ibrahim et son équipe sont retournés sur le chantier de fouilles au Maroc et sont tombés sur une nouvelle mine d’or : des ossements de la queue du Spinosaurus qui bouleversent une fois encore notre vision de ce colosse aquatique.
Sa queue était bien plus haute qu’on ne le pensait et s’apparentait à une nageoire. Ainsi, en la faisant onduler comme le ferait un triton, le Spinosaurus pouvait se propulser efficacement sous les eaux.
Les scientifiques ont reproduit différentes formes de queue en plastique et réalisé des essais dans un bassin d’eau. Des capteurs ont mesuré la puissance de propulsion et la poussée des queues. La queue du Spinosaurus s’est révélée presque aussi efficace que celle d’autres animaux semi-aquatiques et bien plus que la queue d’autres dinosaures. En traînant une queue pareille, difficile de l’imaginer battre à la course terrestre un herbivore…
Pour résumer, le nouveau Spinosaurus serait la fusion entre :
- un crocodile pour sa gueule et sa vie en milieu aquatique
- un basset pour la forme générale, mais de 15 mètres de long et sans doute un peu moins affectueux !
- un triton pour sa queue lui permettant d’évoluer sous l’eau
Certains paléontologues n’adhèrent pas à la vision du Spinosaurus court sur pattes qui serait, selon eux, une chimère, c’est-à-dire un dinosaure reconstitué à partir d’ossements appartenant à divers animaux, dont le Suchomimus. Ce qui est sûr, c’est qu’on a encore beaucoup à apprendre de ce gigantesque dinosaure et que les prochaines découvertes seront tout aussi passionnantes !
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