Ceux qui ont lu Les Dinosaures en BD l’auront compris : le Compsognathus est l’un de nos dinosaures préférés. Pourquoi autant d’enthousiasme pour cette espèce assez méconnue, alors qu’il existe plein de créatures fascinantes comme le T. rex ou le Velociraptor, nous demanderez-vous ? C’est simple…
- Le Compsognathus tord le cou aux clichés qui veulent que tous les dinosaures étaient immenses, gros et lents.
- Le Compsognathus vivait au Jurassique en France et en Allemagne, et les dinosaures européens sont encore mal connus.
- Pour des auteurs de BD humoristique, imaginer que le Compsognathus était un petit dino complexé face aux géants de l’époque, c’est du pain béni !
Un chasseur de la taille d’un poulet
L’ère du Jurassique (-200 à -145 millions d’années) a vu la taille des dinosaures augmenter considérablement. L’apparition d’immenses forêts de conifères est probablement à l’origine de l’essor des sauropodes – les dinosaures à long cou herbivores – pendant cette période. Parmi les plus connus, on trouve : le Diplodocus (30 mètres de long), le Brachiosaurus (23 mètres) ou encore le Camarasaurus (20 mètres). Pour chasser de tels géants, les prédateurs ont également acquis une taille respectable. Ainsi, le Megalosaurus et l’Allosaurus mesuraient environ 9 mètres de long.
Pour autant, tous les dinosaures de cette époque, n’étaient pas des géants. L’un d’entre eux, le Compsognathus, mérite le détour. Pas plus gros qu’un poulet, il n’en était pas moins un chasseur redoutable. On a retrouvé dans l’estomac de l’un d’entre eux un fossile de lézard, preuve qu’il devait être très rapide. Quand on n’est pas une terreur gigantesque, il faut utiliser d’autres atouts pour survivre !
Un dino bien de chez nous !
Le premier specimen de Compsognathus a été découvert en Allemagne en 1859, dans les dépôts de calcaire de Solnhofen en Bavière. Une région qui nous a également fourni les splendides fossiles d’Archéoptéryx, un des premiers dinosaures à plumes connus.
Le second specimen de Compsognathus a été mis au jour en France en 1971, dans la région de Nice, dans les dépôts calcaires de Canjuers.
En regardant le squelette de ce dinosaure, on voit que l’on a affaire à un être délicat : ses os sont fins, son cou, sa queue et ses pattes sont relativement longs. Pas de doute, il s’agit d’un animal agile et rapide. L’analyse du crâne nous confirme que le Compsognathus était carnivore. Ses belles petites dents pointues et parfaitement alignées ont d’ailleurs attendri les paléontologues, car « Compsognathus » signifie « mâchoire élégante ».
Il y a 150 millions d’années, l’Europe était constituée d’une multitude de petits îles entourées de mers peu profondes. Le Compsognathus évoluait probablement à proximité de ces lagons, où il pouvait se repaître d’insectes bien juteux.
Un héros de BD est né !
Comment le Compsognathus est-il devenu un héros de BD ? Arnaud Plumeri, scénariste des Dinosaures en BD, raconte :
Passionné de BD et par les dinosaures depuis ma plus tendre enfance, je tenais absolument à écrire un ouvrage sur le sujet. Longtemps, j’ai hésité sur le fond du récit : histoire complète ? Gags en une page ? Faire un récit sérieux ou humoristique ? Puis m’est venue l’idée d’un Compsognathus complexé par sa taille. Cela m’a inspiré qu’on pouvait faire des dinosaures des personnages de BD sympathiques, et essayer de mettre en scène leurs relations aux quotidiens tout en gardant un fond de vérité scientifique. « Compso », le petit dinosaure complexé, gaffeur et râleur venait de naître dans mon esprit. D’ailleurs, j’écris souvent mes scénarios en regardant mon moulage fossile de Compsognathus, ça m’inspire !
Une fois les premiers scénarios écrits, le dessinateur Bloz a dû trouver le juste équilibre : il fallait à la fois faire un dinosaure réaliste et aux attitudes amusantes. Il nous explique sa vision de « Compso » :
La difficulté pour moi à dessiner le Compso vient du fait qu’il est petit, alors que l’on pourrait s’imaginer en le voyant dans une case qu’il a la taille d’un grand dinosaure, et que j’ai peu d’occasion de le mettre en présence d’objets actuels pour en donner une échelle. C’est un peu la vedette de la série, mais il est malheureusement moins connu qu’un « classique » T. rex. Il faut donc essayer de bien faire passer le fait qu’il était un redoutable chasseur, très vif, agile, avec ici un drôle de caractère de petit nerveux, tout en ayant la taille d’un poulet. C’est pour moi le plus compliqué à dessiner. Je l’ai « cherché » sur tout le tome 1 et je pense presque le tenir depuis le milieu du tome 2 sur des gags comme ceux des pages 10, 28 ou 40. Il évoluera encore car il devrait être plus fuselé et avoir le museau plus fin et long.
Dans le même temps , je dois me garder suffisamment de marge par rapport à la réalité pour pouvoir l’animer et lui donner les expressions nécessaires à un perso de BD.
Dans la série, les différentes espèces de dinosaures traversent les gags, évoluent, disparaissent, se font manger etc., tandis que Compso est unique . Il est ici LE personnage principal, devant même Indino Jones.
Le squelette du Compsognathus a la particularité de ressembler beaucoup à celui de l’Archéoptéryx, mais possédait-il des plumes comme ce dernier ? Renseignement pris auprès d’amis paléontologues, rien ne permet de l’affirmer pour l’instant. Une équipe de chercheurs allemandes a passé les fossiles au scanner sous toutes les coutures, et pas la moindre trace de duvet n’est apparue.
Pour conclure, voici la fiche-gag de ce dinosaure si cher à nos yeux !